XO SKELETON est le nouvel album souple, constant et étrange de La Force : un mélange de pop hantée et de R&B passionné qui brille à la croisée de la vie, de la mort et de l’amour. « Dans les rêves, les morts et les vivants sont les mêmes », chante Ariel Engle sur « october », sa voix scintillante. « Peut-être que c’est pour ça que je suis mieux dans l’obscurité. »

La finalité de la mort ? La protection qu’un autre peut offrir ou non à travers l’amour ? Ce sont des questions corporelles, des préoccupations de souffle, de chair et de pulsation, qui sont au cœur de la musique de La Force — dès son premier album en 2018 et également dans les travaux électrisants d’Engle avec Broken Social Scene, Big Red Machine, Efrim Menuck, Safia Nolin, et AroarA, son duo avec son mari, Andrew Whiteman. La voix de La Force est stupéfiante — à la fois voluptueuse et sage — mais son point de vue l’est tout autant — stable, sensible, physique.

Engle a créé l'album chez elle, dans la maison où elle a grandi, où elle s’est mariée, où son père est décédé — un lieu qui est « à la fois complètement mort et complètement vivant », dit-elle : une structure située à la frontière de ses mondes intérieurs et extérieurs. Pendant deux ans, de manière intermittente, son vieil ami, le co-producteur Warren Spicer (Plants and Animals), a travaillé dans son sous-sol jusqu'à l’heure du déjeuner, permettant aux chansons de se déployer au rythme du battement de cœur. Elle avoue être « obsédée de manière malsaine » par la mort depuis son enfance, et XO SKELETON est une sorte de confrontation : un moment de réconciliation avec l'oubli qui encadre une vie, mais aussi le « centre visqueux » de l’amour, de la perte, du toucher et de la mémoire.

Ces neuf chansons extraordinaires sont à l’échelle humaine et intimes, avec des changements d’accords comme des mouvements de membres. « october » nous plonge directement dans le manteau protecteur des baisers (ou « XO SKELETON ») projetés par l’amour et la mémoire ; en même temps, elle explore la part de mystère de cet espace, le mouvement des esprits invisibles, comme un saxophone ondulant dans un hall de miroirs. D’autres morceaux ont été inspirés par la participation d’Engle à « Song A Day », un cercle d’auteurs-compositeurs sur invitation pendant la période COVID, où La Force a travaillé aux côtés de musiciens comme Leslie Feist, Maggie Rogers, Beck et Buck Meek de Big Thief.

Tout au long de l’album, XO SKELETON est électrique et vivant, mais aussi tactile et crasseux. Il se plie et se tord à chaque changement de pulsation — 35 minutes de mélancolie, mais aussi de recherche, d’éveil. Comme un corps, pourrait-on dire. Ou la mémoire d’un corps.