Tall Tall Shadow
Tall Tall Shadow, le troisième album de la chanteuse-compositrice torontoise Basia Bulat, est l'album le plus audacieux qu'elle ait jamais réalisé. Brut et spectral, brisé de cœur, mais joyeux, ces dix chansons racontent l’histoire d’une année très difficile dans la vie de l'artiste et tout l'amour qui l’a aidée à traverser cette épreuve.
Tandis que ses deux précédents albums, y compris Oh, My Darling (nommé aux Polaris en 2008), ont été enregistrés dans le studio entièrement analogique Hotel 2 Stango à Montréal, Tall Tall Shadow est un travail plus moderne. C'est un disque avec des échos et de la réverbération, des frissons électroniques et de l'autoharpe électrique, des voix qui prennent de l'ampleur et s'illuminent autour de guitares bourdonnantes, de pianos solitaires et de percussions qui résonnent.
Pour arriver à ce résultat, Bulat a co-produit l'album avec Tim Kingsbury et Mark Lawson. Kingsbury, membre d'Arcade Fire, « peut jouer de tout et n'importe quoi », dit-elle. Lawson, qui a travaillé sur des albums d'Akron/Family et Colin Stetson, et qui a remporté un Grammy pour son travail sur The Suburbs d'Arcade Fire, est un alchimiste du studio, quelqu’un qui « entend des choses » cachées dans les chansons, toujours désireux de les transformer.
Ils ont commencé l'enregistrement à Toronto, dans une salle de danse réverbérante de 60 ans. Une fois de plus, Bulat a formé un groupe : son frère, le batteur punk Bobby Bulat ; Holly Coish aux claviers et aux chœurs ; Kingsbury et Ben Whiteley à la guitare et à la basse. Une chanson présente le père de Whiteley, la légende folk Ken Whiteley, à l'orgue gospel. Mais Tall Tall Shadow n’est pas de la musique folk acoustique : à l'instar de Sea Change de Beck ou de Buckingham Nicks, les accords et les strums servent de tremplin à des sons plus fous.
L’objectif de Bulat était de continuer à se challenger. « Promise Not to Think About Love », avec sa basse dansante et ses claquements de mains, est le morceau le plus pop qu’elle ait jamais sorti. « It Can't Be You », joué sur un charango andin, est l'un des plus simples. « Never Let Me Go » est tout en crescendo, une femme prise dans la tempête, et le morceau titre s’élance vers le ciel : y a-t-il jamais eu une meilleure vitrine pour la voix puissante de Bulat ? Pour son cœur de locomotive à vapeur ?
« Deux mois avant que je ne commence l’enregistrement, j'ai subi une perte profonde », dit Bulat. « J'ai un peu recommencé à zéro. » Elle a commencé ; et elle ne s'est pas arrêtée.
Par Sean Michaels