“...shouldn’t have said I was special at all.”

Emilie Kahn a grandi en banlieue de Montréal. Ses parents se sont rencontrés dans un stationnement.

À la fin de 2015, Kahn a sorti 10 000 sous le pseudonyme Emilie & Ogden, un album de ballades indie aux inspirations folk, imprégné des douleurs de la jeunesse. La harpiste y traçait un récit amoureux à travers des mélanges envoûtants d’électronique et de rock indépendant, une série de paysages sonores luxuriants portés par des histoires de ruptures douloureuses et de cœurs brisés. Publié par l’étiquette montréalaise de renom Secret City Records, 10 000 s’est imposé comme un album pop à part entière, salué par la critique pour une jeune artiste encore en pleine découverte de son talent.

Son succès initial a ouvert la voie à bien d’autres choses : une vidéo virale s’est transformée en tournée en tête d’affiche ; elle a enchaîné les festivals et les salles combles ; assuré les premières parties de Half Moon Run ; et joué en Europe avec Plants and Animals. Rapidement, Emilie a trouvé sa place dans la scène indie rock montante de Montréal.

Trois ans plus tard, Kahn n’est plus la même auteure-compositrice. Elle a abandonné son pseudonyme, et avec lui toute forme de rôle à jouer ; ce qui reste, c’est Emilie telle qu’elle est, une autrice lucide déterminée à plier la pop à sa volonté. Outro, son plus récent projet, produit en collaboration avec Warren C. Spicer de Plants and Animals, révèle une artiste arrivée à maturité. Ses chansons sont devenues autre chose, quelque chose de plus ancien. Outro est une sortie nostalgique de la jeunesse, un regard douloureux porté sur chaque émotion mal placée et chaque mauvais choix. Chargée de la mélancolie de l’âge adulte, Kahn propose une pop indie façonnée avec la minutie d’une miniaturiste, tout en aspirant à la grandeur des icônes du genre. C’est un disque qui pique autant qu’il apaise, et qui ne manque jamais l’occasion de viser haut, alors qu’elle jette un dernier regard autour d’elle avant de partir vers quelque île du futur.