Les Suuns de Montréal ont passé l'hiver et le printemps 2012 à écrire et enregistrer Images du Futur. Leurs sessions se sont déroulées parallèlement aux manifestations étudiantes du Québec qui ont débuté en février 2012 et se sont poursuivies jusqu'en septembre de cette année-là. Dans un climat que le chanteur Ben Shemie décrit comme « un climat d'excitation, d'espoir et de frustration », Suuns visait une expansion des idées musicales présentes sur leur premier album acclamé par la critique, Zeroes, QC. Images du Futur repose sur l'intensité de leur premier album, mais le fait souvent à travers de nouvelles textures et des manœuvres dynamiques plus subtiles.

Le morceau phare de l'album, Edie’s Dream, commence par une ligne de basse répétée, à partir de laquelle des couches se construisent et montent – d'abord des percussions, puis une vague de bruit blanc ; des échos de guitare, ensuite des voix chantées. Les changements astucieux de la chanson sont marqués par une touche jazz et une délicatesse presque subliminale. Le tout forme un boogie squelettique et frappant – plus une projection astrale qu'une chanson. Edie’s Dream illustre la retenue dont Suuns est capable, ce qui rend les moments débridés d’autant plus dévastateurs.

L'album a été salué par Pitchfork et NME – ce dernier affirmant « peu de groupes aussi jeunes opèrent à une telle échelle, et encore moins ont le courage – et la patience – de réaliser un grand album complexe et brillant comme Zeroes QC », et le premier les ayant désignés comme « le meilleur groupe de 2011 ». Avec Images du Futur, Suuns a approfondi son approche, utilisant des techniques minimalistes pour créer des œuvres maximalistes. Produit une fois de plus par Jace Lasek des Besnard Lakes, Images du Futur démarre fort avec Powers of Ten, présentant une sorte de manifeste pour l'album dès les premières lignes : « Got it together / I read in the paper / all of these strangers / stranger and stranger… / No, no, no, no, how you try and remember / how all of these pieces / all fit together ». Shemie explique le processus : « En tant que groupe, nous essayions de regarder notre musique de plus en plus loin, en voyant de plus en plus de détails dans l'image à mesure que nous élargissions le paysage. »