Même dans la métropole frénétique de New York, il existe des moments de calme. Il faut attendre, patienter jusqu'aux premières heures, mais dans la courte fenêtre entre l'heure de fermeture et l'arrivée des navetteurs du matin, on peut trouver une période crépusculaire de pure solitude nocturne.

I Go Missing In My Sleep – le premier album complet de Wilsen – est né de ces moments volés. Installée dans un petit appartement loué à Brooklyn, Tamsin Wilson attendait le crépuscule, puis commençait à modeler ses pensées de la journée en fragments de chanson.

Utilisant une guitare acoustique à cordes en nylon pour jouer de douces mélodies, elle s'inspirait de cette période pré-aurore. Le calme et le silence. Tout le monde endormi et inactif. Pendant ces instants, le temps ralentissait et les fils créatifs pouvaient suivre leur cours sans interruption, sans la peur que quelqu'un l'entende en pleine création.

Ce qui prit lentement et méthodiquement forme fut une collection de chansons délicates qui valorisaient, voire chérissaient, le pouvoir créatif du calme.

Les mélodies jouées aux doigts, les sifflements rêveurs et la voix murmurée de Tamsin, qui sous-tendent I Go Missing In My Sleep, naquirent durant ces moments de calme. Mais ce n'est qu'avec l'implication des membres du groupe Drew Arndt et Johnny Simon Jr que l'usage de la légèreté et de l'espace fut mis en contraste magnifique avec des moments d'ambition post-rock.

Le trio s'est réuni - avec le producteur et ami Ben Baptie - d'abord au Royaume-Uni, puis dans l'État de New York, avant de finir à The Farm Studio dans la campagne de Philadelphie. Ensemble, ils ont poussé et dirigé chaque souffle délicat de chanson, l'enrichissant progressivement de guitares glacées, de percussions staccato et de lignes de basse contenues d'Arndt.

Les précédentes réalisations du groupe, les EPs Sirens (2013) et Magnolia (2014), laissaient entrevoir un trio créatif luttant pour équilibrer l'intimité folk des tonalités murmurées de Tamsin avec un côté plus musclé et expérimental. Avec I Go Missing In My Sleep, il y a un sentiment que bien plus est en jeu qu'un simple acte d'équilibre délicat ; c'est un mélange riche et dynamique qui s'est cohésivement transformé en une forme musicale singulière, pure, confiante et unique.

De l'ouverture inquiétante de Centipede, un chef-d'œuvre décalé qui interroge l'honnêteté de soi, à la chanson multi-couches et très appréciée Garden, portée par un jeu de guitare complexe, jusqu'à l'apogée de Told You, cet album est une œuvre de perfection détaillée.

Oubliez le calme, il est temps de faire un peu de bruit.